Barthélémy Toguo, The Pillar of the Missing Migrants

Barthélémy Toguo, Le Pilier des migrants disparus

21 septembre 2022

Création Art contemporain

Barthélémy Toguo, Le Pilier des migrants disparus

21 septembre 2022

Dans le cadre de l'exposition Les Choses. Une histoire de la nature morte (12 octobre 2022–23 janvier 2023), sous le commissariat de l'historienne de l'art Laurence Bertrand Dorléac, le Musée du Louvre est fier d'accueillir Le Pilier des migrants disparus de l'artiste Barthélémy Toguo sous sa Pyramide. L'œuvre de Toguo apporte un regard renouvelé sur les objets et leur représentation.

La colonne centrale sous la Pyramide de I. M. Pei a été dès le départ conçue pour servir de base à des sculptures monumentales, afin de marquer l'entrée du musée avec une œuvre d'art. L'installation la plus récente était le Trône de Kohei Nawa en 2018. Maintenant, en 2022, dans le cadre de l'exposition Les Choses, Le Pilier des migrants disparus de Barthélémy Toguo s'élève également ici.

Un regard renouvelé sur les objets et leur représentation

Les grands ballots colorés de Barthélémy Toguo en tissus africains sont spectaculaires, mais la longue tresse de bagages de fortune nous invite aussi à contempler l'exil. Ce n'est pas la première fois que l'artiste crée de tels ballots ; dans ses œuvres antérieures, ils sont apparus au sommet de bateaux surchargés et de chaises monumentales. Réinventés pour l'exposition Les Choses. Une histoire de la nature morte du Musée du Louvre, leur placement sous la Pyramide de ce musée historique les rend encore plus frappants dans leur simplicité.

Ils rappellent, à leur manière, l'évolution quotidienne de notre histoire contemporaine, traversée qu'elle est par les déplacements forcés de tous les réfugiés à travers le globe, risquant leur vie même pour faire le voyage vers un monde vivable. Un écho lointain de la traite des esclaves, peut-être ? Ce qui est certain, c'est qu'ils sont le signe de toutes les trajectoires dangereuses empruntées par les hommes, les femmes et les enfants fuyant la guerre, la famine, la pauvreté et les catastrophes environnementales. La Pyramide du Louvre devient la vitrine dans laquelle flottent ces ballots manifestement sans propriétaire. Regroupés autour d'un mât central flexible, ils forment une échelle de sauvetage que l'artiste dresse contre le cauchemar de l'histoire dont il ne peut se réveiller.

Un artiste de beauté, d'émotion – et d'engagement

Le talent de Barthélémy Toguo réside dans la réconciliation de la beauté, de l'émotion et de l'engagement social. L'artiste camerounais a étudié à l'École des Beaux-Arts d'Abidjan, l'École des Beaux-Arts de Grenoble et la Kunstakademie de Düsseldorf. Il partage maintenant son temps entre Paris et Bandjoun Station, où il promeut d'autres façons d'être, le dialogue entre les arts du Nord et du Sud mondiaux, et la restitution au continent africain de ce qui lui a été constamment volé. Bien qu'il ne nie pas la dimension politique de son art, il ne cherche pas à nous donner des leçons, mais plutôt une nouvelle forme d'art sensible au monde tel qu'il nous affecte et nous indigne.

Texte écrit par l'historienne de l'art Laurence Bertrand Dorléac.

Le Pilier des migrants disparus de Barthélémy Toguo sera visible sous la Pyramide jusqu'au 23 janvier 2023.

Avec le soutien de HdM GALLERY.

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